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Le métier de traducteur à l’épreuve de la traduction automatique

Qui n’a jamais eu recours à Google Traduction ? Que ce soit pour comprendre un texte complexe en langue étrangère lors d’une compréhension écrite à l’école, pour déchiffrer ce qui nous est proposé sur la carte d’un restaurant étranger, ou à l’inverse pour nous aider à formuler nos idées dans une langue qui n’est pas la nôtre, nombre d’entre nous avons déjà utilisé cet outil de traduction automatique. Il y a quelques années de cela (et parfois encore aujourd’hui), les traductions proposées prêtaient à sourire car bien approximatives voire complètement farfelues. Parmi les perles les plus récentes de cet outil, vous pouvez notamment trouver la traduction de l’une des œuvres Shakespeare : Hamlet de William Shakespeare est devenu « Jambon-Laissé » de « Guillaume Remuepoire ».

Malgré ces perles de traduction, il est difficile d’ignorer les progrès réalisés par les outils de traduction automatique depuis plusieurs années, une évolution qui a donné lieu à des avis très divergents dans le milieu de la traduction, à tel point que certains professionnels s’interrogent même sur l’avenir de leur métier : les traducteurs sont-ils amenés à être remplacés par des machines ? La traduction automatique doit-elle être vue comme une menace ou plutôt comme une opportunité pour les traducteurs ?

1 – La traduction automatique, quésaco ?

Pour faire simple, on parle de traduction automatique lorsqu’un texte est entièrement traduit d’une langue à une autre par un ou plusieurs programmes informatiques. Si intervention humaine il y a, celle-ci se produit avant ou après le processus de traduction, mais jamais pendant. Le recours à une telle technologie, et notamment à l’outil Google Traduction, a souvent été décrié car les traductions proposées étaient parfois inexactes ou comportaient des erreurs de syntaxe et/ou des problèmes de typographie.

Toutefois, l’utilisation de l’intelligence artificielle au profit de cette technologie marque l’arrivée de la traduction automatique neuronale (par opposition à la traduction automatique statistique, comme Google Traduction) dont le fonctionnement se veut proche de celui du cerveau humain. Désormais, ce ne sont plus des segments isolés qui sont traduits par les machines, mais bien des phrases complètes, ce qui permet d’obtenir des traductions beaucoup plus fluides. De réels progrès ont donc été notés et il est fort probable que ça ne s’arrêtera pas là, d’où la crainte de certains.

2 – Pourquoi la traduction automatique évolue-t-elle si rapidement ?

Avec la mondialisation et la multiplication des échanges à échelle internationale, le volume de documents et supports en tout genre à traduire ne cesse d’augmenter, que ce soit dans le monde des affaires où la communication doit se faire rapidement malgré les différences linguistiques et culturelles, ou tout simplement sur les réseaux sociaux (ou sur internet de manière générale) où de plus en plus de contenus sont publiés chaque jour. Quand on maîtrise certaines langues étrangères, il devient donc facile d’avoir accès à de nombreux contenus issus de langues et cultures variées. Néanmoins, pour ceux qui maîtrisent moins les langues étrangères voire qui n’en parlent pas du tout, la barrière de la langue se fait ressentir et c’est là que la traduction, souvent automatique, entre en scène.

3 – Quels sont les avantages de la traduction automatique ?

Traduire plus, plus vite, moins cher, tels sont les avantages qui reviennent le plus souvent quand on parle de traduction automatique. Certains traducteurs estiment qu’elle leur permet d’être plus efficaces et plus productifs car ils passent beaucoup moins de temps à se documenter et à faire des recherches terminologiques qui, même si elles sont souvent passionnantes, sont également relativement chronophages. En recourant à la traduction automatique, il leur suffit de procéder ensuite à une post-édition du texte produit, plus ou moins approfondie en fonction des exigences du client, pour vérifier par exemple l’absence de coquilles, d’erreurs de syntaxe ou de contre-sens.

Du point de vue des utilisateurs, la traduction automatique est en effet moins coûteuse (quand bien même le texte produit ferait l’objet d’une post-édition), voire gratuite si effectuée avec des outils en ligne accessibles à tous. Elle permet également de pouvoir en quelques clics seulement traduire des contenus dans une multitude de combinaisons linguistiques, quand il aurait sans doute fallu faire appel à plusieurs traducteurs et attendre plusieurs heures, jours ou semaines. La traduction automatique s’avère donc plus efficace, mais est-elle plus compétente ?

4 – Quid des limites de la traduction automatique ?

Malgré les avantages que présente la traduction automatique, cette technologie reste difficile à utiliser dans des domaines très spécialisés où la langue doit être irréprochable, domaines qui constituent déjà parfois un défi pour les traducteurs, comme les contenus scientifiques, juridiques ou diplomatiques. C’est également le cas dans le domaine du marketing où la créativité et les compétences rédactionnelles sont de rigueur, capacités que les machines n’ont pas (ou en tout cas, pas encore). Les machines sont également dépourvues de la sensibilité culturelle dont les traducteurs doivent faire preuve lorsqu’ils traduisent des contenus à forte empreinte culturelle, comme cela est souvent le cas en traduction juridique ou lorsqu’il s’agit de traduire des clins d’œil humoristiques.

5 – Et le traducteur, dans tout ça ?

Si certains domaines semblent encore inaccessibles à la traduction automatique, qui sait si cela durera. Plutôt que de voir l’évolution de la traduction automatique comme une fatalité pour le traducteur, il faudrait plutôt l’envisager comme une opportunité pour ce dernier de diversifier ses tâches tout en ajoutant une nouvelle corde à son arc. En effet, l’arrivée de la traduction automatique a fait émerger un nouveau profil : le post-éditeur.

Il ne faut pas oublier que le traducteur reste indispensable à plusieurs niveaux : d’abord pour alimenter les machines en corpus de qualité au gré de l’évolution des langues et des connaissances, et ensuite pour corriger et/ou valider les traductions produites par les machines dans le cadre du processus de post-édition.

Conclusion

À mon sens, la traduction automatique devrait plutôt être envisagée comme une réelle opportunité pour les traducteurs, en témoigne son implantation dans de nombreuses formations en traduction. Les traducteurs ne sont pas près d’être remplacés, ce sont simplement leurs tâches qui évoluent.

Écrit par Charline Bordat, pour ACSTraduction.